Histoire de la Confrérie de St Eloi en Limousin et des Ostensions.
Origines de la Confrérie de St Eloi en Limousin.
1/. Le culte de Saint Eloi et ses premières ostensions à Chaptelat (1880-1953)
A Chaptelat, à coté de Limoges, en son pays natal, la vénération envers saint Eloi remonte à des temps immémoriaux, auprès de sa « Bonne fontaine » à Sourue dont l’eau était reconnue guérir les convulsions des bébés et les coliques des chevaux .
En 1846, avec l’arrivée d’un nouveau curé, l’abbé Rousseau, originaire du Nord de la France où saint Eloi est particulièrement vénéré, le culte de notre grand saint va prendre une nouvelle dimension à Chaptelat. Tous les 25 juin, lors de la St Eloi d’été, il organise une procession en son honneur. Celui-ci aboutira, à partir de 1883, à une véritable « ostension de saint Eloi » ([1]), à la suite de l’obtention d’une relique – une dent – accordée par le Chapitre de la Cathédrale de Noyon où reposent les reliques du saint ([2])


Après la mort de l’abbé Rousseau en 1898, puis la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, l’Ostension de Saint Eloi tombe en désuétude ([3]).
2/. La reconnaissance des Ostensions de Saint Eloi dans le cadre des Ostensions limousines (1953-1994)
Après la Seconde Guerre Mondiale, le curé de Couzeix, l’abbé Beldio, avec l’appui de monsieur Charruyer, nouveau propriétaire du château de Sourue et confrère de Saint Martial, obtient de Monseigneur Rastouil l’inscription d’une ostension dédiée à saint Eloi et sa reconnaissance dans le cadre des Ostensions limousines.
La première ostension ainsi reconnue a lieu en 1953, année de la renaissance de la vénération du peuple de Chaptelat à son saint ([4]).
Par la suite et conformément à la tradition des Ostensions limousines, les Ostensions de Saint Eloi se succèdent tous les sept ans, avec des repères particuliers ([5]) ([6]). Ainsi :
- 1981 sera l’occasion d’établir des contacts avec la confrérie des Marguilliers de Saint Eloi de Noyon (Oise) venue participer aux Ostensions de Limoges ([7]).
- 1988, année du 1400 ème anniversaire de la naissance de Saint Eloi ([8]), accueille, outre les Confréries Limousines, de nombreux pèlerins de confréries Saint-Eloi venus de Noyon, de Béthune, de Belgique, d’Allemagne …
Le projet de créer à Chaptelat une confrérie de Saint Eloi commence alors à prendre forme ([9]).
Parallèlement d’autres repères, non ostensionnaires, préparent la création de la confrérie, dont deux plus particuliers : En 1990, le 24 juin, à Noyon, à l’occasion de la Saint Eloi d’Eté, les liens avec les Marguilliers de Saint Eloi se consolident ([10]). Et surtout, le même jour, est signée, en présence du Nonce apostolique en France, la Charte d’Eureloy destinée à fédérer les confréries de Saint Eloi d’Europe ([11]) ([12]).
3°/. Fondation de la Confrérie de Saint Eloi en Limousin et Ostensions 1994-2016
En 1994, le 26 avril, a lieu, la fondation de la Confrérie de Saint Eloi en Limousin de Chaptelat ([13]), suivie, le 4 décembre 1994, en la fête de la Saint Eloi d’Hiver ([14]), de l’intronisation de 21 confrères et consoeurs. La confrérie de Saint Eloi en Limousin devient alors partie prenante des Ostensions limousines septennales ([15]). Elle envoie également des délégations aux fêtes de confréries extérieures au diocèse de Limoges ([16]) et aux réunions d’Eureloy ([17])
Depuis, les Ostensions septennales de Saint Eloi, en lien avec les autres confréries limousines ([18]), constituent un événement populaire marquant qui rassemble jusqu’à 1.500 personnes selon les années : habitants de Chaptelat et des hameaux environnants, membres des confréries des saints limousins, …, pèlerins venus du reste de la France et d’Europe, désireux d’honorer ce grand homme, enfant du pays, qui fut orfèvre, homme d’état et évêque, avec une priorité au service du bien commun et des personnes dans le besoin.
Les ostensions de 2016 ont été les premières à être célébrées à la suite de l’inscription des Ostensions limousines sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’UNESCO, donnant ainsi à notre village, Chaptelat, une dimension supplémentaire en ce début du XXIè siècle.
4°/. La Confrérie de Saint Eloi en Limousin aujourd’hui – Les Ostensions de 2023
Aujourd’hui la confrérie Saint Eloi en Limousin comprend une quarantaine de membres, hommes et femmes, son écharpe est formée d’une bande centrale violette (pour l’évêque) sur fond jaune or (pour l’orfèvre) et célèbre sa fête le 1er dimanche du mois de décembre au plus près de celle indiquée dans le calendrier liturgique (1er décembre). Comme déjà indiqué, elle fait partie d’Eureloy.
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([1]) Le parcours était très décoré, le cortège passait à la source Saint Eloi dans le parc du château de Sourue et pénétrait dans la cave voûtée de la maison et en ressortait par la salle à manger. La légende dit que c’est là qu’était la forge des grands parents de saint Eloi et que c’est de là qu’il lança son marteau qui retomba à l’endroit d’où est sortie la source que l’on connait aujourd’hui.
([2]) Après avoir obtenu du Chapitre de la Cathédrale de Noyon (Oise) une relique – une dent – du bon Saint, l’abbé Rousseau a fait faire un reliquaire précieux destiné à être enchâssé dans le buste en bois peint que nous lui connaissons aujourd’hui. La confrérie possède une photocopie de l’attestation officielle en latin de Mgr Désiré Joseph Dennel, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, en date du 29 juillet 1883, accompagnée de sa traduction. Selon la base donnée « Mistral » du mobilier de l’église de Chaptelat, ce buste-reliquaire en bois coloré dû à un auteur inconnu daterait du 18è, 19è siècle .
([3]) Et ce malgré les efforts de Mademoiselle Palmyre, sa nièce. Une telle situation n’empêche pas madame de La Guéronnière, alors propriétaire du château de Sourue, de faire édifier une statue dédiée à Saint Eloi qui sera située au-dessus de la source ; cette statue est toujours en place aujourd’hui.
([4]) Les confrères de Saint Martial ouvrent le cortège avec leur chasse et les paroisses environnantes suivent avec leurs reliquaires. A Sourue, un podium avait été installé construit dans le terrain marécageux situé juste en aval de la source ; il s’est affaissé durant la cérémonie d’une trentaine de centimètres sans provoquer d’accident ! « Merci, saint Eloi ! ».
([5]) Comme pour tout évènement se répétant au cours des temps, on pourrait citer aussi bien des anecdotes que des évènements heureux ou malheureux : pluies particulièrement insistantes, état de santé du célébrant, décès, …, bref des évènements qui incarnent bien les ostensions dans notre humanité !
([6]) 1960 verra la première participation remarquée des autres Confréries Limousines, renouvelée pour les ostensions suivantes.
([7]) « Les marguilliers de Saint-Eloi de Noyon (Oise) assument, pour la plupart, une responsabilité au service de l’Eglise : l’accompagnement des défunts au cimetière à la place du prêtre, la catéchèse de jeunes et des adolescents, la liturgie à la cathédrale, la préparation au baptême, les œuvres caritatives, et ceci pour répondre à l’engagement qu’Ils prennent le jour où ils sont intronisés marguillers par la question suivante : « Vous engagez-vous à promouvoir la dévotion à saint Eloi, à pratiquer ses vertus, en particulier la probité, la loyauté, la charité, et à maintenir les traditions ». (Abbé de Mauny, archiprêtre de Noyon, in Messe pontificale pour le rassemblement européen des confréries de Saint Eloi, Dimanche 24 juin 1990 – Cathédrale de Noyon).
Il est intéressant de se rappeler que les premiers avec les Marguilliers de Saint-Eloi de Noyon remontent à 1980 (ou 1981) quand quelques-uns d’entre eux de passage en Limousin s’arrêtèrent à Chaptelat pour découvrir le pays natal de saint Eloi et déposèrent à cette occasion une rose et une carte de visite devant son reliquaire dans l’église !
([8]) A l’occasion de ce 1400è anniversaire de Saint Eloi, une mission avec les Oblats Immaculée de Marie de Solignac est organisée dans les villages pour préparer l’évènement.
([9]) En 1988, la participation des confréries limousines et de nombreux pèlerins venus de France et d’Europe devient significative de la place que prennent peu à peu les Ostensions de saint Eloi dans le « concert » des fêtes de nos saints limousins. Avec ce revers de la médaille de voir l’organisation logistique de l’évènement passer à une autre échelle que pour les ostensions précédentes (160 repas à servir cette année-là à la salle des fêtes de Chaptelat ! Ce qui conduira peu à peu les responsables des ostensions de saint Eloi à envisager la création d’une association.
([10]) A cette occasion, deux confrères de Saint Eloi seront intronisés marguilliers de Saint Eloi de Noyon ; d’autres suivront au fil des ans, dont les derniers en 2016.
([11]) Monsieur Charruyer représente Chaptelat.
([12]) En 1991, une exposition sur Saint Eloi se tient à Chaptelat, à l’occasion de la parution d’un fascicule édité par Mémoire du Canton de Nieul : « Saint Eloi, Enfant de Chaptelat et splendeur de son siècle ».
([13]) La création de la Confrérie de saint Eloi en Limousin rencontre quelques réticences pour des raisons diverses, dont la présence de femmes consoeurs. Monseigneur Soulié lèvera ces réticences. La réalisation de sa bannière estconfiée au Carmel du Dorat
([14]) La « saint Eloi d’hiver » – le 1er décembre – est celle du calendrier de l’Eglise catholique qui célèbre le jour de sa mort, c’est-à-dire, dans la perspective chrétienne, le jour de sa naissance au Ciel, soit le 1er décembre 660 à l’âge de 70 ans.
([15]) En même temps, la confrérie de saint Eloi en Limousin participe aux fêtes annuelles des confréries du diocèse de Limoges, fêtes qui sont désignées sous le nom de « Petites Ostensions ».
([16]) En France : Noyon dans l’Oise, Rognonas en Provence, … E
([17]) Pour Eureloy : Namur en Belgique, ….
([18]) Par le biais de la Fédération des confréries limousines qui accueille depuis 2017 les comités ostensionnaires.
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